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Jacqueline Zinetti : Ecrivain - Psychiatre
12 février 2014

Le Plaisir de lire : "Des phrases courtes, ma chérie" de Pierrette Fleutiaux

Lisez ce livre bouleversant où l'auteure nous parle des dernières années de la vie de sa mère, et de sa mort.  Parmi les nombreux ouvrages parus sur ce thème, celui-ci domine par la qualité et l'originalité de son écriture, sa  puissance émotionnelle aussi.

Je ne résumerai pas le livre de Pierrette Fleutiaux, volontairement, car en livrant mon vécu personnel, j'aurais peur d'amoindrir le texte en ne restituant qu'une infime partie de son contenu.

Mais comme vous avez pu le constater dans mes blogs précédents, la relation mère-fille me fascine. Alors permettez-moi cette dernière digression sur la mort de la mère, cette mère que nous connaissons si bien, avant même d'avoir vu son visage. Nous avons fusionné avec sa chair, écouté attentivement sa voix à travers le filtre des eaux amniotiques, nous imprégnant de son odeur, et vibrant au rythme de ses émotions. 

Au cours de l'existence, nous nous observons, dans un face-à-face permanent, et ce fonctionnement en miroir rend notre relation complexe, passionnelle et tumultueuse. Mais au moindre signe de faiblesse, au moindre appel de « l'enfant », elle est là, toujours, même très vieille, omniprésente et protectrice. Le lien qui nous unit est indestructible, et je me suis souvent demandé comment l'on pouvait survivre à la mort de sa mère.

Un jour ma mère est morte, et je me suis observée, avec une certaine inquiétude. Mais j'ai continué de vivre, comme avant, ou presque. Étonnée, troublée, déçue par moi-même.

Alors je me suis accrochée aux poncifs que chacun et chacune récite au cours de ces périodes de deuil : elle était toujours présente en moi, dans mon esprit et dans mon cœur, elle continuait de vivre à travers mes souvenirs... Mais je savais que je trichais, que je l'oubliais. Et cet oubli qui se mettait en place, je le repoussais de toutes mes forces, car il est aussi le stigmate notre solitude. Solitude existentielle, douloureuse, mais salvatrice, qui nous protège de l'effondrement dépressif lorsque la mort d'un proche survient.

Mais la mère des origines sera à notre chevet lors des derniers instants de notre existence, je le sais, je l'ai observé si souvent dans le cadre de ma vie professionnelle !

Si « maman » est, presque toujours, le premier mot que l'être humain prononce, il est, tout aussi souvent, le dernier : signifiant qui parle de l'objet le plus archaïque de notre attachement.

J'ai entendu les personnes en fin de vie le murmurer ou le crier, pour retrouver les bras de cette mère, puisqu'elle seule, quelle que soit la qualité de nos amours contingentes, a le pouvoir de nous rassurer.

Pierrette Flutiaux

Je vous invite à visiter le blog de Pierrette Fleutiaux pour, peut-être, découvrir ses autres écrits : http://www.pierrettefleutiaux.com/

 

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